Dans le monde du tatouage, Esteban est une anomalie fascinante. Imagine un mélange improbable entre un sculpteur d’émotions et un improvisateur de génie. Cet artiste ne se contente pas de tatouer des motifs : il capture des instants, des histoires et des énergies pour les ancrer à jamais dans la peau de ses clients. Avec son approche instinctive, presque chorégraphiée, Esteban travaille principalement en free machine, une technique où l’improvisation et la confiance prennent le dessus. Portrait.
Comment décrirais-tu ton processus créatif ?
“Au sens large, ce qui est ma principale source d’inspiration, c’est la vie, tout simplement. Dans le testament artistique de Auguste Rodin, il dit quelque chose qui m’a bouleversé : ‘Avant d’être artiste, il faut être humain.’ Cela me guide. Être vivant, conscient de ce que je vis, de ce que je partage, de ce que je ressens. Pour moi, la matière première de toute création, c’est l’émotion.”
Qu’est-ce qui t’inspire dans ton travail de tatoueur ?
“Je dirais que ce qui m’inspire beaucoup, c’est l’histoire des gens, leurs intentions. Je tatoue des émotions, principalement. Je prends le temps de discuter avec mes clients pour créer un cadre de communication, de compréhension. Ce qui est dit, mais aussi ce qui ne l’est pas, nourrit mes idées. C’est de là que naît l’inspiration graphique.”
Tu dessines directement sur le corps de tes clients, sans préparation préalable ?
“Oui, la plupart du temps. Avant de commencer, je fais des croquis très simples directement sur leur peau, comme des dessins d’enfant de quatre ans. C’est minimaliste, presque abstrait. Cela peut paraître étrange, mais cela me permet de tester les mouvements, de voir comment les courbes du corps interagissent avec mes idées. Une fois que je commence à tatouer, c’est là que la phase créative s’enclenche vraiment. Chaque séance devient une improvisation, une construction en temps réel.”
Tu parles souvent de l’importance du mouvement dans tes créations. Peux-tu nous en dire plus ?
“J’ai une échelle de travail qui correspond à une lisibilité de 1,50 à 2 mètres. Cela m’oblige à concevoir mes tatouages en fonction du mouvement et des courbes du corps. Mon objectif est que le tatouage vive avec le corps, qu’il s’adapte à ses formes et à ses mouvements. Parfois, cela signifie accentuer une courbe, d’autres fois, la casser pour proposer quelque chose de nouveau.”
As-tu déjà douté de ton approche ?
“Au début, quand j’ai adopté ce processus, j’ai ressenti une certaine appréhension. J’avais confiance en ma technique, mais je me demandais si mes clients allaient adhérer à cette méthode improvisée. Avec le temps, j’ai appris à mieux communiquer, à mettre les gens en confiance. Aujourd’hui, mes séances sont une véritable rencontre, un voyage partagé entre le client et moi.”
Quels conseils donnerais-tu à un tatoueur qui voudrait se lancer dans le free machine ?
“La confiance et la technique sont essentielles. Quand on travaille en free machine, il ne faut pas hésiter. Il faut connaître sa technique sur le bout des doigts, car on n’a pas le temps de réfléchir au ‘comment’. Tout se joue dans l’instant. Pour moi, la technique est au service de la création. Quand elle est maîtrisée, on peut vraiment laisser place à l’improvisation et à l’exploration.”
Qu’est-ce qui te pousse à continuer à évoluer en tant qu’artiste ?
“Pour moi, arrêter d’apprendre, c’est arrêter de vivre. La création est un terrain d’exploration sans fin. Même avec de l’expérience, il y a toujours de nouvelles subtilités à découvrir, de nouvelles manières de s’adapter aux projets, aux morphologies, aux textures. C’est cette quête constante qui rend chaque journée passionnante.”
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