Le monde du tatouage ne cesse de croître, en se nourrissant de multiples influences culturelles et artistiques. Parmi celles-ci, la pop culture occupe une place de choix, notamment avec des thèmes inspirés d’œuvres populaires comme Harry Potter. Cependant, la récente controverse entourant J.K. Rowling, accusée de tenir des propos transphobes, amène à une réflexion plus profonde : comment réagir en tant qu’artiste tatoueur lorsque l’œuvre que l’on célèbre devient associée à des valeurs qui nous posent problème ?
Le dilemme Harry Potter : Un univers magique entaché
Comme beaucoup, j’ai grandi en étant fascinée par les aventures du jeune sorcier et a même commencé à créer des flashs inspirés de cet univers. Toutefois, la découverte des propos transphobes de J.K. Rowling m’a profondément affectée. Ce dilemme n’est pas unique à moi. De nombreux artistes se retrouvent face à une question essentielle : peut-on séparer l’œuvre de son auteur ?
Séparer l’œuvre de l’auteur : Une question complexe
La première question que tout artiste, tatoueur ou autre, doit se poser est la suivante : peut-on dissocier la magie d’Harry Potter de son autrice ? Pour beaucoup, l’œuvre est empreinte de valeurs d’inclusion, d’acceptation et d’amitié, des concepts qui entrent en contradiction directe avec les propos polémiques de Rowling.
Peulin, notre invité pour cet épisode, explique qu’elle a tenté de trouver un équilibre. D’abord en continuant à dessiner des flashs Harry Potter tout en étant de plus en plus mal à l’aise. Elle a fini par les retirer, et a même sondé ses abonnés trans et non-binaires pour connaître leur avis. Leurs réponses étaient partagées, mais elles ont souligné que la situation était délicate. Ce retour a amené Peulin à réfléchir à une solution : elle a envisagé de reverser une partie des revenus de ces tatouages à des associations qui défendent les droits des personnes trans. Cette démarche rappelle celle de certaines grandes entreprises qui adoptent une démarche éthique, tout en continuant à faire des profits grâce à des produits controversés.
Les limites du compromis : Faut-il tout arrêter ?
Bien que cette solution soit pleine de bonnes intentions, Peulin a finalement décidé de renoncer à l’idée de proposer des flashs Harry Potter. Pourquoi ? Parce que, selon elle, le compromis ne suffit pas toujours. Si créer des tatouages inspirés par un univers peut apporter de la joie, cela ne doit pas se faire au détriment des personnes marginalisées. L’artiste a donc choisi de s’abstenir, en se disant que retirer ces créations ne changerait pas radicalement sa pratique, mais que cela pouvait signifier beaucoup pour les personnes concernées par les propos de Rowling.
Reprendre le contrôle : Créer de nouveaux symboles
Face à cette situation, Peulin a trouvé une nouvelle approche créative. Plutôt que de continuer à utiliser des symboles associés à des œuvres controversées, elle a décidé de réinventer ces références culturelles. Par exemple, elle propose désormais des flashs autour de thèmes magiques, mais sans lien direct avec Harry Potter. Cela permet aux personnes souhaitant exprimer leur amour pour la magie de le faire sans se sentir coupables de soutenir une autrice aux opinions problématiques.
Elle évoque également l’idée de « retourner » l’œuvre contre son autrice en créant des parodies ou des illustrations d’Harry Potter avec des messages inclusifs et militants. Par exemple, imaginer Hermione Granger militante pour les droits des personnes trans. Ce processus de réappropriation permet de transformer un héritage culturel en un symbole d’espoir et de changement, sans pour autant ignorer ses racines.
Tatouage et éthique : Jusqu’où aller ?
La discussion sur le podcast va plus loin, soulevant des questions qui concernent tous les tatoueurs travaillant avec des références à la pop culture. La question de la consommation responsable est au cœur du débat : comment gérer les demandes de tatouages inspirés de franchises qui appartiennent à de grandes entreprises capitalistes ou à des figures controversées ?
Peulin et les animateurs du podcast discutent notamment du fait que, dans un monde où la culture populaire est dominée par des entreprises comme Disney ou des figures problématiques, il est difficile de naviguer entre l’art et l’éthique. Pour certains, il est indispensable de refuser des demandes en lien avec des œuvres ou des personnalités jugées non éthiques. Pour d’autres, il est possible de tracer une limite entre la sphère privée et publique, en permettant aux clients de faire leurs propres choix, tout en restant conscients des enjeux.
Conclusion
En fin de compte, le témoignage de Peulin met en lumière une vérité cruciale : chaque tatoueur, comme tout artiste, doit constamment faire des choix éthiques dans sa pratique. Que ce soit dans le choix des œuvres qu’il ou elle décide de représenter ou dans la manière de gérer les demandes des clients, l’art n’est jamais totalement séparé des valeurs que l’on défend.
Pour Peulin, l’essentiel est de rester fidèle à soi-même et de prendre en compte l’impact de ses choix sur les autres. En tant que tatoueuse, elle choisit de continuer à créer, tout en restant sensible aux enjeux sociaux et éthiques de son époque. Dans un monde en constante évolution, où les œuvres culturelles sont souvent mêlées à des controverses, elle prouve qu’il est possible de trouver des solutions créatives et respectueuses des valeurs humaines.
Bonus : Quelques réflexions pour les tatoueurs en quête de solutions
- L’introspection est cruciale : Avant d’accepter une commande, prenez le temps de réfléchir à l’impact que ce tatouage pourrait avoir, aussi bien sur vous que sur vos clients.
- La réappropriation positive : Comme Peulin, il est possible de transformer des références controversées en des symboles porteurs de messages inclusifs et engagés.
- Le dialogue avec les clients : Ne sous-estimez pas l’importance de la communication. Expliquez à vos clients vos positions éthiques et soyez ouvert à la discussion.
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