Illustratrice et tatoueuse, Peulin a suivi un parcours de cinq ans à l’école Émile-Cohl, une référence dans l’enseignement du dessin. Elle revient avec nous sur son expérience, ses doutes et ses critiques envers cette formation souvent perçue comme prestigieuse.
Tu as fait cinq ans à Émile-Cohl. Comment as-tu vécu cette période ?
« C’était long. C’est une école qui a plein de problèmes. Ça a un peu changé avec la nouvelle direction, mais à mon époque, c’était très à l’ancienne, et souvent, quand on dit à l’ancienne, ce n’est pas pour le mieux. On ne prenait pas soin des élèves, on n’écoutait pas celles et ceux qui allaient mal. J’ai aussi entendu des remarques racistes ou misogynes. »
Et sur le plan de l’enseignement ?
« Pour le dessin académique, la formation est très bonne. Mais une fois cette base acquise, celles qui étaient fortes au début restent fortes, et celles qui avaient des difficultés continuent d’en avoir. L’école met beaucoup de pression, et on n’a pas le temps de se chercher, d’expérimenter. Ce n’est pas un endroit où l’on trouve son identité artistique. Celles qui réussissent le mieux après, ce sont celles qui avaient déjà un style affirmé en entrant. »
On dit souvent que Émile-Cohl est l’opposé des Beaux-Arts. Tu confirmes ?
« Oui, c’est clairement revendiqué. Ils ne sont pas là pour l’expression personnelle, ils veulent du savoir-faire. Il y a une approche artisanale, technique, et c’est aussi ce qui m’a attirée. Mais ils s’y croient un peu trop. Par exemple, en animation, ils ne font pas le poids face aux Gobelins. »
Le coût des études est élevé…
« Oui, entre 8 000 et 9 000 euros par an, donc près de 50 000 euros avec la prépa. Certaines font des crédits, et ce n’est pas avec un salaire d’artiste qu’on les rembourse facilement. Le prix crée un élitisme, une sélection par l’argent. Et comme toute entreprise, l’école cherche à croître, à prendre de plus en plus d’étudiantes… mais est-ce vraiment pour le mieux ? »
Et aujourd’hui, quel regard portes-tu sur ton parcours ?
« Je garde certains réflexes académiques, mais j’essaie de m’en détacher. En sortant de l’école, il faut réapprendre à créer librement, à retrouver le plaisir du dessin. J’ai envie de tout faire en même temps, de gribouiller dans des carnets et de dire que mes dessins sont finis quand j’en ai décidé ainsi. Ce n’est pas facile après une formation très scolaire, mais c’est un chemin nécessaire. »
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