La précarité dans le tatouage

On ne parle pas trop de la précarité des tattoo artists. Donc cette chronique est pour toi, si tu n’arrives pas à te sortir un smic en tatouant.

Actuellement, le prix de la vie (électricité, gaz et consort) monte, mais le prix des tatouages baisse. Si j’étais économiste, je dirai que le marché se régule, mais comme je suis tattoo artist, je dirai juste que c’est la merde.

Depuis le covid, on a eu toute une vague de nouvelles personnes avec une dalle d’enfer pour faire ce métier. C’est très cool, mais si vous connaissez l’offre de la loi et de la demande, en général, il faut qu’il y ait plus de clients que vendeur. C’est mathématique.

Et il ne faut pas oublier que le tatouage, c’est un luxe (rarement moins de 100€ à l’heure ou on parle), et je crois que le pays à autre chose à foutre que de se faire tatouer. Mais venez quand même s’il vous plait, on veut du travail.

Et oui il y aura toujours un Jean-Michel qui fait des tattoo à 30e tattoo sur son canapé en réutilisant ses aiguilles, et qui prend sa salive à la place de la vaseline. Libre à toi, il y a du choix.

Et on ne parle même pas des gérants de salons qui font travailler des tattoo artists, parfois même sans formation hygiène, pour se faire un max de blé. Je vous le dit d’expérience, j’ai mon propre salon, je vous écris d’ailleurs depuis mon Yacht au milieu de l’océan (faux 😶‍🌫️).

Donc si vous voulez vous lancer en 2024, ne démissionnez pas trop vite de votre saint CDI, car même avec des années de tattoo dans les pattes, je connais des collègues qui ne mangent que des pâtes, qui on 2, 3 ou 13 métiers différents, et je parle même pas de toutes les casquettes qu’on doit porter en étant dans le tattoo game.

Donc si ça fait plus de 2 ans que tu tattoo et que tu te sens déjà usé par le métier, c’est normal.

C’est pas facile.

Continue d’être toi même.

Ne te décourage pas. 

Et si c’est trop dur, tu as le droit d’arrêter.

Ça ne veut pas dire que tu as échoué, car prendre la décision d’arrêter c’est peut-être faire preuve de plus de courage que de continuer si tu sens que tu ne trouves pas ta place.

Et je finirai par une citation du tatoueur Olivier Poinsignon qui a écrit il y a quelques jours sur Thread, en parlant des personnes qui baissent leurs prix :  “Les réductions, c’est la solution à court terme pour s’en sortir individuellement sans se soucier de tuer le métier à moyen terme.”

Et je trouve qu’il n’a pas complètement tord.